Les Boboyaka aux RNHP

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Rencontres Nationales de l’Habitat Participatif –

Rennes – juillet 2024

Tous les deux ans, dans une ville différente, Habitat Participatif France, mouvement citoyen, organise des rencontres auxquelles sont conviés les acteurs de ces formes d’habitat et tous ceux qui en sont curieux .

Nul ne savait qu’à cette date nous serions à la veille du second tour des élections législatives, élections qui pouvaient porter à l’assemblée un autre mouvement aux valeurs et projets opposés en tout point à ce qui anime le mouvement de l’habitat participatif.

Les interventions furent donc teintées d’inquiétude, de colère parfois, d’un refus partagé de voir le rassemblement national accéder au pouvoir.  Les valeurs au sein du mouvement résonnaient de concert. Quelles utopies inventer dans un monde de brutes ? Comment faire lien, ne pas exclure, humaniser ?

Mais surtout, comment faire ensemble ? Comment nourrir le mouvement ?

Il se déploie sur le territoire et d’années en années a appris en travailler en lien, partager les trouvailles, les expériences, les réflexions. Le temps de la méfiance entre les différents acteurs, des divisions, des ratés dans la communication, semble loin.

Le mot d’ordre est : Pas sans nous mais pas sans vous, ensemble.

Faire mouvement, un mouvement ou chacun apporte sa contribution pour produire, à partir d’un partage des ressources, un objet commun.

Un mouvement qui donne envie, en vie.

En s’impliquant, participant à l’aventure architecturale et humaine d’un projet, en s’émancipant des logiques de spéculation, en inventant à plusieurs, la solidarité se construit, se renforce, le vivant se faufile.

L’idée d’une Fête des Possibles qui réunirait divers mouvements nationaux engagés dans une transition citoyenne a traversé certains débats. A suivre… (Être heureux dans ce siècle est un acte de résistance !! dit un des intervenants)

Le titre de la plénière d’ouverture était : L’agir en commun au cœur des transitions

Il s’y parla confiance en « l’en commun », engagement, partage, singularités aussi. Ces signifiants, en ces temps d’incertitude, résonnaient.

Ils furent à nouveau convoqués par Miguel Benassayag avec brio. Celui qui s’était opposé de front à la dictature, appelait à créer des îlots de résistance, des alternatives … S’il n’appelait pas à faire fi des politiques, il appelait à ne pas en dépendre, à ne pas se perdre dans trop de concessions. Il l’affirmait, vouloir prendre le pouvoir est un piège si l’on veut changer le monde.

Les interventions, les ateliers, étaient multiples et variés, allant des questions de montages juridiques et financiers aux questions posées par le vivre ensemble.

Etaient présents, l’Hapa , Un réseau qui existe depuis 2016 et  défend l’habitat partagé accompagné  . Ils accompagnent des projets, créent des groupes d’entraide entre projets, partagent généreusement leur expérience.

Mais aussi Halâge , association qui trace un chemin pour « un habiter innovant dans l’âge » au croisement de l’habitat et du vieillir

La Fondation du domicile propose, elle, d’inventer de nouvelles façons d’habiter sa vieillesse et d’inscrire les enjeux de ces projets au cœur des politiques publiques

Et  ..

Habitat des possibles , Pas sans nous , les potes âgés , Cohabilis , Oasis ( et d’autres dont je n’ai pas croisé le chemin tant ils étaient nombreux )  .

Bref de nombreux groupes impliqués dans le monde des alternatives à ce qui est proposé aux citoyens comme forme d’habitat mais surtout comme projet de vie solidaire.

Impossible de tout récolter.  J’ai principalement glané ce qui concernait les vieux et les vieilles.

Avec en tête l’assertion selon laquelle 90 pour 100 des personnes âgées vieillissent hors du médico-social

Certaines vieillissent à leur domicile et y meurent. D’autres le quitteront pour aller en Ehpad. D’autres optent pour une résidence autonomie qu’ils quitteront lorsque la dépendance relèvera d’un accueil en la dite Ehpad. D’autres encore choisissent l’habitat participatif.

Auquel cas, ils font un pari, celui de la solidarité, du plaisir d’être acteur d’un projet, de repousser la dépendance, voire celui de mourir chez soi et entouré. C’est un pari.

Ils choisissent l’intergénérationnel, bâtir un projet avec la jeune génération ou de vieillir ensemble dans leur habitat participatif  . Certains rejoignent plus tard un projet d’habitat inclusif (s’adressant aux personnes vieillissantes ayant peu d’autonomie et aux personnes handicapés).  D’autres encore vivent en colocations seniors …

Quelques soient les témoignages des groupes présents aux journées, les questions se rejoignaient

Comme :

Le lien entre les participants qui se bâtit souvent dans le montage du projet et nourrit la solidarité, peut-il se nouer plus tard , lorsque celui ou celle qui rejoint le groupe n’a plus l’énergie que demande l’autogestion ?

Quid du participatif dans un habitat inclusif ? Comment dans un habitat participatif inclure celui qui a essentiellement besoin d’aide et de soin ?

Mais aussi, jusqu’où l’entraide et le partage ? Quelles sont les limites de chacun ? Voire les limites des dispositifs qui s’inventent pour repousser le jour où , éventuellement , l’hôpital sera la seule issue  .

Quelques réponses sont données dans la recherche présentée par Halâge ( Rapsodia)  , une recherche participative dont le titre est  : Penser l’autonomie par l’entraide  .

S’y trouvent des exemples d’accompagnement collectif de personnes en fin de vie  ( le plus compliqué concerne les nuits  ..) qui reposent sur une sorte de trépied mettant en relation famille , proches voisine et acteurs de la santé  .

Dans certains lieux des groupes se mettent en place pour anticiper les difficultés. Parler la mort, la vulnérabilité… Et chercher…

Que se passe-t-il ailleurs ? Un voyage d’étude dans le cadre de la recherche Rapsodia a fait l’objet d’un document dont voici quelques extraits

 En Belgique la question de l’accessibilité économique et des vulnérabilités est très présente. Celle du vieillir aussi.

 L’exemple du mouvement Calico qui mêle maisons de la naissance et maisons de la mourance avec comme objectifs de « vivre les passages, accompagnés »  en dehors de l’hôpital mais non sans des professionnels de santé , est remarquable  .

Les maisons Abbeyfield , habitat groupé participatif en locatif , inspiré du mouvement anglais , insistent sur la dignité des personnes âgées ,sur le vieillir vivant  . Outre l’appel aux aidants professionnels deux référents sont désignés dans la famille et dans le groupe pour informer le groupe dans son ensemble afin de pratiquer une co-veillance plus large  .

A noter que s’inventent, à partir de l’habitat groupé, des réseaux d’aide et de soins, des maisons médicales de quartier, des lieux d’accueil des personnes vieillissantes issus de l’immigration (maison Biloba )  …

Toujours en Belgique, le jardin du béguinage insiste sur le « vivre ensemble pour vieillir vivantes », en habitat groupé, accueillant des personnes aux revenus modestes. Un groupe d’accompagnement et de conseil, composé de personnes extérieures soutient le groupe dans les cas de fin de vie ou de troubles cognitifs

En Allemagne, le même désir : vivre en autodétermination jusqu’au bout de la vie même si l’on a un besoin constant d’aide et de soins, même si l’on a des troubles cognitifs. Cette revendication de groupes citoyens devient l’objectif des politiques publiques.

Dans certains projets c’est un collectif des proches et des habitants qui choisit la structure de soins ambulatoire, et décide avec elle de ce qui est le plus approprié pour une personne. Les hospitalisations se font plus rares  ..

Les vieilles dames de Gottingen en sont un exemple.  Il y a d’autres témoignages, beaucoup avec le souci d’un vieillir dans la diversité, dans son quartier (voir le modèle Bielefeld), avec de faibles revenus.

En Angleterre aussi certains, plus tenaces que d’autres, ont créé des habitats participatifs mais le soutien des politiques publiques est bien différent qu’en Belgique et en Allemagne.  La France est-elle dans la même situation ? Il semblerait que les choses avancent … Rendez-vous donc dans deux ans  .

Edith Cassan Toesca

Définition donnée classiquement du mouvement de l’habitat participatif :   C’est un large mouvement, citoyen tissé d’expériences diverses dont le point commun est : Des groupes d’habitants, d’habitantes, futurs locataires ou propriétaires, se réunissent et imaginent un projet ou ils partageraient leurs envies et leurs besoins. Ils dessinent ensemble le projet architectural qu’il s’agisse de leurs logements comme des espaces collectifs et s’engagent à gérer, toujours ensemble, le lieu. Le point commun est la recherche d’un partage, d’un renforcement des liens sociaux, d’une réponse aux défis contemporains tels que la crise climatique (ça va chauffer !), celle du logement et celle du lien social.

Ces projets peuvent être initiés par des habitants, par un bailleur ou un élu, et être ou non accompagnés, ils sont donc très différents, singuliers. Comme le sont les coopératives d’habitant  .

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