Ce 21 septembre nous nous sommes retrouvés un certain nombre des Boboyaka à la journée organisée par le CNaV à la Halle des Douves. « Détricoter les idées reçues sur la vieillesse » en était le thème, dans la belle salle des étoiles avec un public nombreux et intéressé. Edith nous fait un retour de cette journée à laquelle elle a participé.
« »Si vos associations d’idées vous mènent vers René Magritte et son « ceci n’est pas une pipe », vous êtes sur la voie. Ces quelques mots témoignent de mes impressions, souvenirs, au lendemain de la journée du 21 septembre à la Halle des Douves, un joli lieu bordelais.
Les deux compères correspondants locaux que sont Dominique et Raymond et quelques autres du CNaV Gironde, peuvent se féliciter de la réussite de cette journée.
Il y avait du monde, près de 120 personnes et parmi elles des représentants locaux du Béarn, de la région toulousaine ou des Charentes venus en soutien, preuve s’il en est besoin, d’un désir de faire ensemble.
Aux curieux se raconta l’histoire, celle de la rencontre des 4 pionniers chacun engagé dans de petites associations à l’adresse des vieilles et des vieux, chacun las d’attendre une loi grand âge qui ne cessait d’être remise sous le tapis. D’un mantra, rien pour les vieux sans les vieux, qui résonna chez d’autres, quelques autres. D’un souci de préserver une parole singulière, de faire en sorte que nul ne parle en pensant qu’il détient la vérité pour l’autre. Et bien sûr d’une idée qui se révéla géniale : Organiser un contre salon des vieilles et des vieux. Ce fut, ce sont les mots de Véronique Fournier, un succès d’enfer. 3000 personnes ont à ce jour, rejoint le mouvement. Ce dernier s’étend partout sur le territoire, la voix des vieux se fait entendre. Une petite musique se fredonne un peu partout.
Véronique Fournier présenta, devant un public attentif, son livre : 7 vieilles dames et la mort. Écrit dans une jolie langue, il éclaire la question de la loi et d’une future loi sur la fin de vie. La question de la mort, cet impossible à dire autrement qu’à demi-mot, fut abordée, bordée, invitée. Et les témoignages de quelques personnes présentes, douloureux parfois, riches d’enseignement. De même les récits qui accompagnent le déroulement de la pensée de l’auteure. Des témoignages de femmes, de femmes nées dans l’entre-deux guerres, mères de celles qui ont lutté en nombre pour l’émancipation des femmes. Ces très vieilles dames sont les premières à découvrir les limites du très grand âge et à poser la question du choix de mourir lorsque l’on sait que la mort est proche et que la vie n’a plus d’attrait.
La question à laquelle ne répond pas Véronique Fournier mais qu’elle maintient en tension est : Pourquoi est-ce des femmes qui témoignent de ce déclin lent et progressif, qui en interrogent la fin, qui veulent choisir leur fin ? Est-ce parce que l’expérience de la perte s’écrit pour elle bien plus tôt ?
A l’intelligence collective de tenter d’y répondre.
En attendant, place aux détricotage, celui des idées reçues sur la vieillesse. Pour détricoter, il faut d’abord tricoter. Ce que firent les nombreuses personnes présentes l’après-midi. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Les mots, ceux qui qualifiaient les vieux, ceux qui soulignaient leurs vertus ou dénonçaient leurs vices, tels des mailles s’enchaînèrent.
Je me plais à penser que, telles les femmes Navaro tissant des tapis, ils firent en sorte d’y laisser des trous, des manques. Pour les Navaro il s’agissait, si leur âme avait la mauvaise idée de se coincer dans les trous, qu’elle puisse s’échapper par les dit trous. Pour les participants il s’agissait de ne pas fermer les questions, clore les listes.
Ils présentèrent, non sans plaisir, avec humour et malice, leurs divers tricots, juste après avoir entendu une jolie voix, celle d’une conteuse faisant entendre des histoires. Celle du vieux pommier mis au rebut alors qu’il pouvait, tels les vieux envoyés vers l’oubli de la seconde histoire, être une base pour les jeunes pousses, fit caisse de résonance aux propos tenus tout au long de la journée. .
Journée qui se clôtura sur la question : qu’allons-nous faire maintenant ?
Avec comme première réponse, rejoindre le CNaV et, participer à ce mouvement qui n’a pas dit son dernier mot
Dimanche 22 septembre 2024
Edith Cassan Toesca